Découverte archéologique du siècle à Hanoï :LA CITADELLE IMPERIALE de THANG - LONG du IX siècleExhumée par les archéologues vietnamiens en septembre 2003 à quelques pas de notre ex-Lycée A. Sarraut : à l'est de la " piscine " face à l'entrée du lycée. Faisant suite à l'annonce dans notre précédent numéro de cette découverte archéologique majeure au Vietnam, j'ai le plaisir de vous présenter les premiers résultats de ces fouilles, quelques photos du chantier et le projet commun archéologique et historique des trois équipes franco-vietnamiennes engagées sur ce chantier de fouille, visité avec beaucoup d'intérêt par le Président J.Chirac, lors de son passage au Vietnam.
Je remercie chaleureusement, le Professeur Philippe PAPIN (EPHE-SORBONNE-Histoire du Vietnam), pilote de ce vaste programme de recherche de coopération franco-vietnamienne, de m'avoir donné accès à sa documentation photographique pour notre bulletin. J'espère que cette documentation vous donnera une âme d'archéologue pour ce terrain de fouille qui résonna dans le passé de "nos mémorables" parties de foot et fut survolé par les inoubliables acrobaties du fou du ciel, Roland Toutain. Le champ de fouille est localisé à l'est de la piscine sise face au lycée et couvre 10 hectares dont seulement, 2 hectares sont fouillés actuellement par 10 archéologues permanents et 30 ouvriers. Sans tomber dans l'angélisme, ce site de recherche est menacé comme tous les terrains archéologiques de fouille du monde entier en zone urbaine, par la pression énorme de la spéculation (le m² vaut quelques barres d'or), et les programmes densifiés de construction, à l'architecture débridée. Cependant investir à long terme, en étudiant et conservant cette mémoire inestimable d'un passé authentiquement vietnamien, tout en préservant du même coup un espace non aedificandi dans la ville de Hanoï déjà fortement urbanisée, n'est-ce pas travailler pour l'avenir du pays, de sa jeunesse et du développement d'un tourisme culturel ? C'est le problème essentiel posé à toutes nos sociétés ! Je profite de cette page pour vous souhaiter à tous, une bonne Année du Coq et une bonne santé surtout, sans oublier le Professeur Philippe Papin et toutes les Equipes franco-vietnamiennes à qui je souhaite aussi de découvrir le mythique "Dragon qui s'envole" et de mettre à jour de nouvelles sources historiques et archéologiques qui feront avancer la recherche scientifique sur le Vietnam. Marcus Durand A lire : je vous recommande en plus de la production purement scientifique du Professeur P.Papin, ces autres ouvrages : " Hanoï ", P.Papin, publié chez Fayard, n° ISBN : 9 782213 606712 , prix : 24 euros . " Vietnam parcours d'une Nation ", P.Papin, publié chez Belin, n° ISBN : 9 782701 137117, prix : 19, 89 euros . " Connaissance du Vietnam ", Pierre Huard & Maurice Durand, n° ISBN : 9 782855 396194, 1 ère réimpression de EFEO grâce à la volonté & au travail du P.Papin : 15 euros , vente à 100 m du Sénat chez DE BOCCARD, Edition-Duffusion,11 rue de Médicis,75006 Paris: tel: 01.43.26.00.37, www.deboccard.com . " Une campagne au Tonkin ", Hocquard, publié chez Arléa, n° ISBN : 9 782869 594739, prix : 38,11 euros présentée & annotée remarquablement par P.Papin (pour les amateurs de photos anciennes et d'histoire : le Tonkin et le centre Vietnam photographiés en 1885-1886 par le médecin & militaire & photographe le Docteur Hocquard). Vendu seulement au Vietnam, la remarquable édition de la " Géographie de l'Empereur Dong Khan g ", par P.Papin, un monument de 15 kg en 3 volumes, édition biligue franco-anglaise pour connaisseurs géographes Vous pouvez acheter ces livres chez le libraire de votre quartier, le n° ISBN facilitant l'achat dans le monde entier
Projet archéologique et historique mené par l'École française d'Extrême-Orient, l'Ecole pratique des Hautes Etudes (Sorbonne) et l'Académie des Sciences Sociales du VietnamFouilles de la cité impériale de Thang-Long (Hà-Nôi) Genèse du projet Les vestiges archéologiques de l'ancienne cité impériale de Thang-Long , située au cœur de la ville de Hà-N?i, ont été mis à jour lors des premiers travaux de construction de la nouvelle Assemblée nationale du Viêt-Nam, au mois de septembre 2003 . Les travaux ont été immédiatement interrompus afin de laisser place à un grand projet d'archéologie historique , mené par l ' Institut d'archéologie , organisme dépendant de l'Académie des Sciences Sociales, qui agit en étroite collaboration avec le service de la conservation du ministère de la Culture. Le chantier est dirigé par M. Tong Trung Tin, vice-directeur de l'institut d'archéologie. La partie vietnamienne ayant exprimé le souhait de coopérer avec l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) , avec qui les liens scientifiques et personnels sont anciens, M. Franciscus Verellen, son directeur, a présenté un programme complet de coopération – projet scientifique et équipe de collaborateurs – placé sous la direction de Philippe Papin, directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études (Sorbonne).
Intérêt scientifique Ce chantier présente deux caractères originaux . Le premier est l'extrême concentration des vestiges : treize siècles d'histoire sont "compressés" dans une couche de terrain dont l'épaisseur n'atteint pas cinq mètres. La strate de Dai-La, la citadelle chinoise du IX e siècle, est localisable grâce aux bouches des puits qui indiquent le niveau de base ; elle est suivie par les empilements successifs d'époque Ly, Trân, Lê, Nguyên et, enfin, par les derniers aménagements hydrauliques réalisés par l'armée française à la fin du XIXe siècle. Une telle densité, qui est rare, pose de grandes difficultés techniques. La permanence du site , cause de cette concentration de vestiges, est le second caractère original. Tout l'intérêt de ce site réside dans le fait qu'il manifeste une remarquable longue durée historique : c'est ici, sur ces quelques hectares de terrain que, depuis le IX e siècle jusqu'à nos jours, s'est établi le cœur politique du pouvoir. L'extrême concentration du matériel et la permanence du site font que, ici plus qu'ailleurs, archéologie et histoire sont liées . Les fouilles et l'interprétation sont conduites de pair.
Un projet en trois volets Premier volet : les fouilles . Elles sont réalisées par les membres de l'institut d'archéologie du Vietnam, appuyés par de fréquentes missions d'experts français. Deuxième volet : les études historiques , qui consistent en quatre applications : un catalogue systématique des pièces archéologiques exhumées, notamment de la céramique d'époque Ly et Trân (XI e au XIV e siècles). la création d'un centre de documentation sur l'archéologie, en Asie mais aussi dans le reste du monde, comprenant des reproductions des documents originaux (cartes et plans anciens, photographies aériennes, monographies). étude du système d'adduction d'eau, des anciennes enceintes et de la correspondance de Gao Pian, gouverneur et grand géomancien à l'origine de la forteresse militaire qui a été la matrice des fortifications ultérieures.
étude topographique de l'autorité impériale, des palais et bureaux, des lieux de mémoire et des symboles mis en place par la monarchie vietnamienne entre le XI e et le XVII e siècle. Troisième volet : conservation et mise en musée du site . Elle dépend de la décision finale qui sera prise par les autorités vietnamiennes : conservation partielle du site, ou conservation totale et extension du périmètre de fouilles. Le projet muséologique, qui ne se justifie que dans le second cas, permettrait de mettre en valeur les compétences françaises, qui se sont déjà illustrées à travers la création du musée d'Ethnographie, inauguré en 1997 par le Président de la République. Ce travail consisterait d'abord en une aide technique pour l'établissement des plans et des reconstitutions en images (avec l'aide de la société française Archétype). Dans la mesure où le site archéologique est appelé à intégrer le tissu urbain, la partie vietnamienne a fait part de son désir de mener des études urbanistiques et architecturales visant à déterminer la meilleure manière d'adapter l'habitat et l'environnement aux caractères originaux du site.
Aperçu historique Au XI e siècle, le Vietnam ayant conquis son indépendance sur la Chine, le premier souverain de la dynastie des Ly transféra sa capitale sur le site de l'ancienne citadelle du Protectorat chinois, à Hà-Nôi, et la ville prit le nom de Thang-Long ("le dragon qui s'envole "). Les années qui suivirent furent consacrées à la construction des palais, bientôt entourés d'une première enceinte (Long thành) qui formera la muraille délimitant la cité impériale et la cité civile. Les bâtisseurs vietnamiens ont tiré parti des conditions naturelles et topographiques du site. La ville a longtemps été une ville lacustre, dévorée par les espaces aquatiques. Dès lors, les lacs, les mares, les cours d'eau furent utilisés comme éléments architecturaux, ce qui explique largement qu'on ne trouve pas à Hà-Nôi le strict ordonnancement qui a présidé à la fondation de nombre de cités asiatiques. Ce site fut la capitale du Viêt-Nam jusqu'en 1802. Néanmoins, la mise sous tutelle de la dynastie des Lê par les seigneurs Trinh, à partir de 1700, a conduit à un abandon progressif du site : les seigneurs et toute leur administration se sont en effet établis dans la cité civile, laissant à l'empereur, souverain en titre mais dépourvu de toute autorité, les anciens quartiers impériaux que toutes les sources s'accordent à décrire comme "à l'abandon". Les malheurs de la dynastie des Lê font le bonheur des archéologues : le site que nous fouillons actuellement a finalement été préservé des destructions qui, d'habitude, marquent les changements politiques et dynastiques. Comme ce terrain a ensuite été occupé par les troupes coloniales puis l'armée vietnamienne elle-même, il a finalement été épargné par les opérations d'aménagement urbain qui, jusqu'à aujourd'hui, ont bouleversé la ville. Visite du chantier de fouille de la citadelle impériale de Hanoi le 6 octobre 2004 par le président Jacques Chirac sous la houlette du professeur Philippe Papin Au premier plan de G à D : le ministre de la culture Pham Quang Nhi, le professeur Philippe Papin, le président Jacques Chirac, le directeur de l'EFEO Franciscus Verelen, le directeur
Les premiers résultats des fouilles (aperçu succinct)
(XI-XIV e s.) entre 3 m. et 1,90 m., la dynastie des Lê (XV-XVIII e s.) de 1,90 m. à 0,90 m., puis les couches Nguyên (XIX e s.) et la trace des aménagements du génie militaire français (années 1880). D'époque chinoise, il reste de nombreuses briques, certaines portant des inscriptions ; quatre colonnes en bois avec leur piétement, espacées de 3,80 m., qui supportaient un vaste édifice ; une quantité de céramiques et des statuettes (lionceaux). Le matériel est de plus en plus abondant à mesure que l'on progresse dans le temps. Sous les Ly, la brique rouge vient remplacer l'ancienne brique verte d'époque chinoise ; l'excavation A20 a montré la présence de fondations (60 m. sur 18 m.) surmontées par quarante bases de colonnes. Sans entrer dans le détail, notons qu'il y a, sur ce site de 20 000 m², 11 puits (dont deux chinois), 6 tombes (la plus ancienne datant des Trân) et des ossements épars. Les réserves archéologiques, situées à l'arrière du site, contiennent des millions de fragments actuellement à l'étude.
Vue le 6 octobre 2004 au niveau moins 4,80 m de l'un des 4 piliers en bois de la citadelle chinoise de Dai La (IXe siècle) du chantier de fouille de la citadelle impériale de Hanoï. |